Chroniques référendaires

Les leçons des référendums de 1980 et 1995

Lysiane Gagnon

22,95 CAD$

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Résumé

Les leçons des référendums de 1980 et 1995

L’automne 2015 marque les vingt ans du deuxième référendum sur la souveraineté – un anniversaire qui soulève encore des souvenirs amers, chez les fédéralistes comme chez les souverainistes.

Lysiane Gagnon a suivi au jour le jour les campagnes référendaires de 1980 et 1995, à titre de chroniqueur politique à La Presse. Elle propose ici aux lecteurs une première partie inédite qui rappelle les événements ayant précédé le référendum de 1995, depuis l’accession au pouvoir du Parti québécois en 1976 jusqu’à l’accord de Charlottetown, en passant par l’épisode crucial du référendum de 1980. La seconde partie de ce livre est constituée des chroniques écrites à chaud durant la période référendaire de 1995.

Ce récit vivant, assaisonné de nombreuses touches d’humour, se distingue par la narration exacte des faits, par une vision détachée et non partisane de cet épisode bouillonnant de la vie politique québécoise, de même que par un point de vue très critique envers les stratégies des deux camps. L’auteure décrit comment, tant en 1980 qu’en 1995, les souverainistes ont maquillé leur option sous un emballage rassurant et équivoque, alors que les dirigeants du camp du NON n’ont jamais réussi à élaborer un discours inspirant en faveur de l’appartenance du Québec au Canada.

Les leçons que l’auteure dégage de ces deux exercices référendaires sont d’autant plus utiles qu’il n’est pas impossible que les Québécois aient à affronter un troisième référendum d’ici quelques années.

Lysiane Gagnon

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière...

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière du Globe and Mail, elle a...

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière du Globe and Mail, elle a remporté à deux reprises le Prix...

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière du Globe and Mail, elle a remporté à deux reprises le Prix national de journalisme dans les catégories des grands reportages et des chroniques. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont Vivre avec les hommes : un nouveau partage (Québec Amérique, 1983), qui...

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière du Globe and Mail, elle a remporté à deux reprises le Prix national de journalisme dans les catégories des grands reportages et des chroniques. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont Vivre avec les...

Lysiane Gagnon est journaliste depuis l’âge de dix-huit ans. Chroniqueur politique à La Presse et collaboratrice régulière du Globe and Mail, elle a remporté à deux reprises le Prix national de journalisme dans les catégories des grands reportages et des chroniques. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont Vivre avec les hommes : un nouveau partage (Québec Amérique, 1983), qui lui a valu...

Extrait

La création du Québec
7 mars 1991
Le jour où Dieu créa le Québec, il était de bonne humeur et
bien ouvert aux suggestions de saint Jean-Baptiste, qui
s’était pris d’affection pour ce nouveau petit coin de terre.
« Allez, Seigneur, dit Jean-Baptiste, donnez-leur
quelques petits privilèges pour compenser ces vilains hivers
que vous leur imposez alors qu’ils auraient pu naître
en Floride…
— Voilà, dit Dieu, c’est fait. Je leur donne plus de lacs
qu’à l’ensemble de l’Europe, je leur donne le fleuve le plus
majestueux au monde et je leur donne en plus une mer intérieure
– que je te dédie, mon enfant : ce sera le lac Saint-
Jean. Je crée en plus, pour leur faire oublier la neige et le
froid, des oasis de pure beauté : les rives de Charlevoix, la
terre rouge et les fleurs sauvages de la Gaspésie, les plages
sublimes de la Basse-Côte-Nord, les fjords majestueux
du Saguenay…
— Encore, Seigneur ! s’écria Jean-Baptiste, encore un
effort !
— D’accord, dit Dieu, je leur donne des vaisseaux
flottant
sur le fleuve… Mingan, les îles de la Madeleine,
Anticosti, l’île Verte, l’île aux Coudres, l’île d’Orléans… Je
leur donne les forêts
trapues de l’Abitibi, l’odeur de pins
des Laurentides, les érables de la Beauce, les vergers des
Cantons de l’Est…
— Je vous en remercie, Seigneur, dit Jean-Baptiste, mais
il manque quelque chose à cette contrée. Des villes, par
exemple. D’ici quelques millénaires, après tout, la majorité
des êtres humains vivront dans des villes. J’en veux pour
mes filleuls !
— Qu’à cela ne tienne, dit Dieu, je te donne Chicoutimi
la fière, Baie-Comeau la rebelle, Sept-Îles l’aventurière, un
plein bouquet de villes qui s’ouvre, d’un côté du fleuve, de
Rimouski à Carleton et, de l’autre côté, de Trois-Rivières à
Rouyn… et Sherbrooke, et Hull, et Longueuil…
— Ce n’est pas assez ! plaida Jean-Baptiste.
« Je gardais le meilleur pour la fin, dit Dieu avec un sourire
taquin. Je te donne la plus belle ville du Nouveau
Continent. Tiens, je la pose là, sur ce cap qui scintille
comme un diamant. Et puis ici, sur cette grosse île en forme
d’amande, je crée ta métropole. »
Mais Jean-Bapiste continuait à revendiquer : « Ô Seigneur,
donnez à ce coin de terre plus que la nature et plus
que des villes, donnez-lui donc un peuple heureux… »
Dieu soupira. « Vraiment, Jean-Baptiste, tu es insatiable.
Je ne cède que pour te remercier d’avoir passé tant d’années
à manger des sauterelles dans le désert afin d’ouvrir la voie
à mon Fils. Autrement, il y a longtemps que j’aurais fermé
le dossier.
« J’exauce ton voeu, poursuivit Dieu. Ton peuple sera un
peuple relativement heureux et prospère, qu’aucun conflit
sanglant ne décimera et qu’aucune guerre ne dévastera. Il
ne sera atteint ni par la peste ni par la famine. Il sera à l’abri
des guerres mondiales et des attaques nucléaires. Il survivra
sans vaincre, mais les défaites ne l’abattront jamais. Ce ne
sera pas le bonheur parfait, mais ces gens seront, somme
toute, moins malheureux que la moyenne de mes créatures.
Voilà mon ultime offrande, mon cher Jean-Baptiste : ton
peuple ne connaîtra jamais la gloire mais jamais non plus
les indicibles souffrances que je réserve
à tant d’autres
enfants
de cette planète…
« Bon, ça suffit maintenant, dit Dieu, j’ai autre chose à
faire. Il faut que j’aille créer la Russie, et ça, mon vieux, c’est
pas de la tarte. »
Jean-Baptiste s’en retourna, pensif, sur le petit nuage
bleu et blanc qui lui servait de maison au paradis. Le son de
la harpe et des violons célestes allait l’endormir quand tout
à coup il se dit que quelque chose clochait : comment expliquer
que Dieu n’ait rien exigé en retour de tous ces bienfaits
qu’il avait répandus sur son petit pays du Québec ?
« Le vieux snoreau, se dit Jean-Baptiste, Il doit bien avoir
une idée derrière la tête ! »
Jean-Baptiste retourna sur le méga-nuage où Dieu
siégeait.
« Dites-moi, Seigneur, dit-il, quel prix leur ferez-vous
payer, aux Québécois, pour toutes ces faveurs que vous leur
consentez ? »
Dieu rit dans sa barbe : « Mon cher Jean-Baptiste, évidemment,
ce pays ne peut pas tout avoir. Je lui ai donné
plus que sa part de lacs, plus que sa part de paix, plus que sa
part de prospérité. Il faut bien qu’il lui manque quelque
chose. Je ne lui enverrai que de mauvais négociateurs, que de
mauvais stratèges. Ses politiciens seront des gens cultivés
et charmants, mais il n’y en aura pas un, parmi eux, qui sera
capable de mener convenablement la moindre négociation
avec ses voisins du Canada anglais.
« Ils perdront le droit de veto par leur faute. Ils feront
leurs référendums à contretemps. Ils choisiront mal leurs
alliés et s’étonneront naïvement de se voir trahis. Ils partiront
avec des demandes trop modestes, s’acculant euxmêmes
au mur, ou alors, allant à l’autre extrême, ils
demanderont la lune en menaçant de s’en aller, et la partie
adverse n’aura qu’à les prendre au mot pour qu’apeurés ils
reculent. Finalement, personne ne les prendra au sérieux
parce qu’ils auront trop souvent crié au loup et que leurs
négociateurs se seront trop souvent mis les pieds dans les
plats. Et ils seront condamnés pour l’éternité à discuter
de clause dérogatoire, de droit de veto et de chevauchements
de compétences. »
Jean-Baptiste trépigna, protesta, tempêta. Rien n’y fit.
Dieu le toisa sévèrement : « C’est un package deal, dit-il. À
prendre ou à laisser. Ton peuple ne peut pas tout avoir.
Choisis pour lui : ou bien il oscillera ad vitam æternam
dans l’incertitude et dans la confusion constitutionnelle,
mais le ventre plein et à l’abri des bombes, ou bien je le déménage
illico au Proche-Orient. Le choix est clair : Saddam
Hussein ou Léon Dion. »

Critiques
« C’est en même temps une véritable classe de maître politique. » 
Culture Hebdo
ISBN
Date de parution
Nombre de pages 232 p.
Dimensions 14,0 cm x 20,3 cm

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