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Les Disgracieuses

Les Disgracieuses

Claudia Larochelle

21,95 CAD$

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Disponible le 21 mai 2024
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Résumé

À travers ces trois récits liés par le doute, la persévérance et le désir d’émancipation, Claudia Larochelle revient sur les expériences fondatrices qui ont jalonné son parcours. Un parcours semé d’embûches, mais aussi de perles de sororité, jusqu’à sa libération grâce à la maternité et l’accueil d’une sereine stabilité. En revenant sur ses années d’apprentissage dans une école de filles dirigée par la dernière génération de religieuses à encadrer l’enseignement privé au Québec, ses débuts de journaliste à une époque encore éprouvante pour les femmes, et son expérience des amours malsaines, elle témoigne des tensions qui pesaient sur le climat social au seuil de la révolution #metoo.

Claudia Larochelle

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son...

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son émission Claudia à la page sur...

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son émission Claudia à la page sur Savoir média, de ses chroniques...

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son émission Claudia à la page sur Savoir média, de ses chroniques à Radio-Canada, dans Le Devoir, Elle Québec, Les libraires ou Avenues.ca, elle sait rendre sa passion communicative. Chouchou des tout-petits avec sa série d’albums à succès mettant en scène la doudou,...

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son émission Claudia à la page sur Savoir média, de ses chroniques à Radio-Canada, dans Le Devoir, Elle Québec, Les libraires ou Avenues.ca, elle sait rendre sa passion communicative. Chouchou des tout-petits avec...

Journaliste, animatrice et écrivaine, Claudia Larochelle a la littérature gravée sur le cœur. Qu’il s’agisse de son émission Claudia à la page sur Savoir média, de ses chroniques à Radio-Canada, dans Le Devoir, Elle Québec, Les libraires ou Avenues.ca, elle sait rendre sa passion communicative. Chouchou des tout-petits avec sa série d’albums à succès mettant en scène la doudou, cette...

Extrait

« Il manquait une espadrille aux pieds du pendu. Elle était sans doute dans la grande boîte noire que tenait la policière châtaine. »

« Au cagibi de la hantise – c’est ainsi qu’on avait surnommé l’espace restreint sous l’escalier de l’aile nord du collège où nous avions installé notre planche de Ouija et tout un attirail de spiritisme – j’ai mesuré la force et l’intensité de mes amitiés à leurs capacités de résistance. Je me collais à celles qui en demandaient plus encore à Ouija, celles qui le provoquaient, orgueilleuses dans la bravoure, voulant faire durer le plus longtemps possible les moments de tension, les cherchant comme on désire l’envoûtement. »

« J’ai longtemps montré une fausse version de moi-même aux hommes que j’ai fréquentés. Je voulais être celle qu’ils avaient espérée, m’enivrant de leurs désirs, me croisant les doigts pour ne jamais être débusquée. J’ai ri de leurs blagues salaces, accepté leurs manipulations et je me suis abaissée pour les honorer. J’ai cru leurs mensonges, rampé pour qu’ils reviennent, en faisant mine d’épouser leurs idéaux. Aux confins de nuits interminables, toujours, une amie surgissait de mes ténèbres pour me ramener à moi. Puis, une apparition tardive, le père de mes enfants, m’a appris la durée des sentiments à travers les aléas de la parentalité. Plus tard, un autre a recollé mes morceaux, alors que désarmée, à bout de souffle, je me voyais sans compagnon, me consacrant à mes enfants, seule jusqu’à la fin. »

« J’ai aimé la tendresse avec laquelle elle a caressé ma nuque pendant que nous nous embrassions, j’y ai trouvé un plaisir qu’aucun copain ne m’avait donné jusqu’alors. »

« Je ne suis pas une victime, je suis de celles qui constatent et s’évertuent à dénoncer pour ne jamais qu’on oublie que dans les années quatre-vingt-dix et au début de second millénaire, le manège du sexisme ordinaire ou systémique se poursuivait. J’inscris humblement mes souvenirs dans le temps. Les acquis demeurent tellement fragiles. »

« Durant toutes ces années, l’amie écrivaine me consolait le soir venu. Elle non plus n’a pas été épargnée. Elle en est morte, sacrifiée à l’autel du machisme sur lequel les porcs crachent leur haine des femmes. J’ai voulu prendre le relais. Écrire à mon tour pour notre résurrection. Être lue, c’est continuer d’être dans la vie. Même morte. On ne l’aura jamais autant lu et reconnue qu’après sa disparition. Ont-ils cru à tort qu’invisible enfin elle serait moins menaçante ? »

« Toutes ces chances d’enfanter qui disparaissaient. Ils disaient vouloir être sûrs. Sûrs, ils ne le devenaient jamais. Et le temps finissait par avoir raison de ma patience. Je restais seule avec des idées de prénoms de bébé qui ne serviraient jamais et la peur affolante de devoir passer mon tour. Eux pouvaient refaire leurs numéros toute leur vie. Un jour, un peu fatigués de galérer, ils s’écrouleraient dans les bras de la dernière élue. Il y en avait toujours une pour ramasser leurs lambeaux. »

« Comment mon féminisme assumé, assombri par aucune incertitude, comment mes centaines de lectures des plus grandes guerrières de tous les temps, mes écrits, réflexions et propres affranchissements depuis l’adolescence avaient pu me mener dans cette soumission ? Allais-je pouvoir témoigner de mes valeurs d’indépendance et d’autonomie intellectuelle, financière et sentimentale à mes enfants le jour où je deviendrais mère ? Ces douleurs paradoxales revenaient en boucle alors que je l’espérais toujours dans l’immobilité indécente de mon corps très droit sur le divan, le souffle suspendu avant son apparition majestueuse et confiante. »

« J’en suis venue à épouser ses convictions, à parler comme lui, à me prosterner devant ses actes contrits, ses bourdes égotiques, à le défendre, jusqu’à en perdre toute objectivité, à protéger ses intérêts, à jouer la femme dans l’ombre, celle qu’il finirait par vouloir pour mener ses luttes idéologiques. Les ailes coupées, je rampais au sol, mes principes en berne comme un drapeau sans valeur. »

« Même après l’avortement qui aurait dû signer l’arrêt de mort de notre relation, Theo a continué de hanter mes pensées. Je me suis souvenue du moment de la conception. Ça tournait en boucle dans ma tête. Il ne portait pas de préservatif alors qu’il s’était toujours résolu à en mettre un. Cette fois, il l’avait retiré durant l’acte. Il a rejeté le blâme sur moi, sur le fait que je n’avais pas de stérilet. Je suis rentrée chez moi complètement défaite. En route, j’étais allée à la pharmacie prendre la pilule du lendemain. Elle n’a pas été efficace. Quand j’ai commencé à m’endormir partout, à avoir des douleurs aux seins, j’ai su. J’aurai aimé qu’il soit heureux comme une partie de moi l’était. Je croyais encore aux miracles. Et s’il avait changé d’idée ? Ces hommes ne changent que d’objets de désir. »

« Pour sauver ma peau, j’ai aujourd’hui trouvé la force de renoncer à cette passion dévorante. À d’autres aussi. Une question de fatigue qui survient sans crier gare après trop d’efforts en fin de course. Materner, prendre soin, sortir de moi-même pour me consacrer au bien-être de mes enfants est devenu mon refuge. Je n’ai plus jamais retrouvé la même déraison amoureuse. »

Collection
Thèmes et genres
ISBN 978-2-7644-5258-5
Date de parution 2024-05-21
Nombre de pages 136 p.
Dimensions 11,4 cm x 20,3 cm

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