Les Journalistes

Pour la survie du journalisme

Les Journalistes - Collectif d’auteurs

Pierre Cayouette - Direction littéraire

Robert Maltais - Direction littéraire

29,95 CAD$

Pour connaître les modalités d'achat, visitez la page Distribution.

Résumé

Fermetures de quotidiens et de magazines, changements radicaux dans les habitudes de consommation de l’information, pertes d’emplois massives ou détérioration des conditions de travail des journalistes, révolution numérique : les médias traversent depuis dix ans une crise sans précédent. À tel point que le journalisme, longtemps considéré comme le plus beau métier du monde, risque même de disparaître.

Quel est l’état actuel du journalisme ? Quel sera le visage des médias de demain ? Et, surtout, comment s’annonce l’avenir de ce métier dont la difficile et délicate tâche consiste à témoigner de la marche de l’humanité ?

Vingt et un journalistes de métier et professeurs de journalisme – d’ici et d’ailleurs – ont accepté de se pencher sur ces questions. Certains d’entre eux dressent d’abord un bilan de santé de l’information journalistique en s’attardant sur quelques champs de couverture. D’autres se tournent ensuite vers le futur et réfléchissent à l’avenir de la profession. Dans la dernière partie de ce collectif, de jeunes journalistes livrent leur vision du métier. Le réputé professeur de journalisme Florian Sauvageau, président-­fondateur du Centre d’études sur les médias, signe le mot de la fin.

Aucun des auteurs n’entend assister, impuissant, au dépérissement du plus beau métier du monde. Tel est le fil conducteur de ce livre. Tous contribuent à faire de cet ouvrage un vibrant plaidoyer pour la survie du journalisme.

PRIX ET DISTINCTIONS:

- Prix des Assises 2016 - Finaliste

Les Journalistes - Collectif d’auteurs

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves...

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves Boisvert, Yanick Villedieu,...

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves Boisvert, Yanick Villedieu, Jean-Hugues Roy, Lise Millette,...

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves Boisvert, Yanick Villedieu, Jean-Hugues Roy, Lise Millette, Pierre Cayouette, François Bonnet, Yvan Asselin, Robert Maltais, Jean-Claude Picard, Dominique Payette, Thomas Kent, Line Pagé, Gabrielle Brassard-Lecours, Thomas Gerbet, Maia Loinaz, Philippe Teisceira-Lessard,...

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves Boisvert, Yanick Villedieu, Jean-Hugues Roy, Lise Millette, Pierre Cayouette, François Bonnet, Yvan Asselin, Robert Maltais, Jean-Claude Picard, Dominique Payette, Thomas Kent, Line Pagé, Gabrielle...

Sous la direction de Pierre Cayouette et Robert Maltais.

Les auteurs : Marc Laurendeau, Alain Saulnier, Gilbert Lavoie, Yves Boisvert, Yanick Villedieu, Jean-Hugues Roy, Lise Millette, Pierre Cayouette, François Bonnet, Yvan Asselin, Robert Maltais, Jean-Claude Picard, Dominique Payette, Thomas Kent, Line Pagé, Gabrielle Brassard-Lecours, Thomas Gerbet, Maia Loinaz, Philippe Teisceira-Lessard, Maryse...

Pierre Cayouette - Direction littéraire

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller...

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux...

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux Éditions Québec Amérique.

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux Éditions Québec Amérique.

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux Éditions Québec Amérique.

Journaliste, longtemps rattaché au Devoir puis à L’actualité, et auteur, Pierre Cayouette agit à titre de conseiller littéraire et éditeur aux Éditions Québec Amérique.

Robert Maltais - Direction littéraire

Extrait

LE GRAND DÉRANGEMENT NUMÉRIQUE :
PLAIDOYER POUR UN JOURNALISME HACKER
JEAN-HUGUES ROY, Professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM)

Il y a des jours où je me demande si ce que j’enseigne est encore du journalisme. Les étudiants de cette deuxième décennie du xxie siècle sont des machines. Pas dans le sens robotique du terme mais dans celui du prodige de polyvalence qu’on exige d’eux.

En trois ans, ils apprennent tous les métiers : la recherche, le reportage, toutes plateformes confondues, les responsabilités de l’affectation ou du pupitre. Ils doivent aussi devenir compétents sur le plan technique : mise en pages d’un journal (oui, cela s’enseigne encore), publication en ligne, calibrage des couleurs sur un caméscope semi-professionnel, montage son et vidéo, entre autres. Et voilà que s’ajoutent, depuis quelques années, des notions d’informatique. En octobre 2014, une offre pour trois emplois à Radio-Canada, à Montréal, indiquait que la compréhension du HTML, des feuilles de style en cascade et du langage JavaScript constituait un atout !

Et c’est sans compter tout ce qu’on ne leur montre pas mais qu’on attend implicitement d’eux : avoir une solide culture générale et écrire mieux que Pierre Foglia tout en sachant se servir d’un ordinateur, d’un téléphone prétendument intelligent ou d’une tablette pour intervenir dans quantité de médias dits sociaux. Pas facile non plus pour leurs enseignants, qui doivent maintenir le cap sur l’information au beau milieu d’un océan numérique en furie ! Pourtant, l’assaut numérique ne date pas d’hier. Cela fera bientôt un demi-siècle que les ordinateurs bouleversent le journalisme. 

Le premier acte remonte à 1966. Cette année-là, Philip Meyer, journaliste dans la mi-trentaine, obtient une bourse de la Fondation Nieman lui permettant de passer un an à Harvard pour étudier un problème donné. Meyer s’intéresse à ces nouvelles machines dont se servent déjà les politiciens pour sonder les Américains et gagner des élections : les ordinateurs. Il a l’intuition que ces appareils pourraient aussi être utiles en journalisme.

En juillet 1967, après sa bourse, on l’envoie couvrir des émeutes à Détroit. Il réalise alors une enquête scientifique pour mesurer l’opinion des gens touchés par les événements. Il se sert d’un IBM 360, le nec plus ultra à l’époque avec ses seize kilo-octets de mémoire, pour compiler les réponses et faciliter son analyse. Les articles qu’il publie ensuite dans le Detroit Free Press lui vaudront rien de moins qu’un prix Pulitzer l’année suivante !

Quelque temps plus tard, au début de la décennie 1970, Meyer écrit Precision Journalism. Cet ouvrage déclenche, dans le monde anglo-saxon, le mouvement du journalisme assisté par ordinateur (computer-assisted reporting). Au Québec, cependant, c’est avec une dizaine d’années de retard que la vague informatique déferle. Et là encore, timidement : en 1978, le magazine Trente publie un dossier illustré de photos de journalistes aux cheveux longs travaillant sur des claviers tout droit sortis de l’émission Cosmos 1999. Le titre du dossier témoigne du scepticisme qu’on éprouve à l’époque (et qu’on
cultive encore de nos jours) devant les innovations techniques qui bousculent notre métier : « Le journalisme à pitons » !

L’auteur, Yves Leclerc, y décrit les prouesses de l’ordinateur, qui peut – ô prodige – « fournir une copie imprimée d’un texte […] ; stocker en mémoire jusqu’à une vingtaine de pages […] ; transmettre le texte par téléphone à un rythme allant jusqu’à 120 caractères ou deux lignes à la seconde ». Il écrit aussi, un peu plus loin, que les journalistes peuvent dès à présent se procurer des systèmes de traitement de texte « sur cassette ».

Si cet article fait sourire près de quarante ans après sa parution, il faut lui reconnaître plusieurs passages prophétiques, dont celui-ci : « L’avance de l’informatique et des communications […] peut entraîner à moyen terme la quasi-disparition du journal imprimé », écrit l’auteur tout en racontant, par exemple, que le quotidien La Presse « étudie déjà la possibilité de transmettre le journal à une partie de sa clientèle non plus sur papier mais sur un écran de télévision » ! Voilà qui préfigurait La Presse+.

Cependant, la prophétie la plus significative d’Yves Leclerc est celle-ci : « Notre métier encore essentiellement artisanal risque de devenir de plus en plus technique et, dans bien des cas, le “gros bon sens” et le flair instinctif ne suffiront plus à [nous empêcher de] nous faire manipuler par les techniciens de la propagande qui, eux, auront une connaissance de plus en plus profonde des possibilités et des effets des nouvelles techniques. » En d’autres termes, les journalistes n’ont pas le choix de plonger les deux mains dans le cambouis technologique s’ils ne veulent pas devenir les dindons de la farce numériques.

C’est en demander beaucoup à une profession qui a toujours été méfiante à l’endroit des changements technologiques. La chercheure en journalisme Barbie Zelizer a baptisé cela des « discours de résistance ». Quand, à la fin du xixe siècle, la photographie a fait apparaître les premiers photographes de presse, les vieux reporters et les rédacteurs en chef ont résisté à ce qu’ils soient acceptés dans leurs salles de rédaction. Impossible, disaient-ils, que la photo puisse jouer un rôle journalistique ! Ainsi, bien des journalistes se sont moqués d’Internet lorsqu’on a commencé à en parler dans les médias. « Internet, c’est le CB des années 1990 », raillait mon rédacteur en chef, Richard Martineau, en 1994.

On a collectivement assisté à des attitudes semblables quand diverses percées technologiques facilitant la publication sur le Web ont entraîné la prolifération des blogues, au début de la décennie 2000. La bulle techno venait d’éclater et on croyait qu’on en avait fini avec Internet. Toutefois, en 2005, la donne a changé. De simples citoyens pianotant sur leur clavier d’ordinateur (pour les tourner en dérision, on ajoutait qu’ils étaient en pyjama dans leur sous-sol) ont eu la peau d’un des journalistes les plus réputés à l’époque : le chef d’antenne de CBS, Dan Rather. 

Dans un reportage diffusé en septembre 2004 à l’émission d’affaires publiques 60 Minutes, Rather remettait en cause les
états de service militaires du président George W. Bush durant les années 1970. Ce reportage s’appuyait notamment sur des documents datant de 1973. Mais lorsque les papiers en question ont été rendus disponibles en ligne, des blogueurs ont remarqué quelque chose d’étrange : les caractères n’avaient pas du tout l’air d’avoir été tapés à la machine à écrire (les ordinateurs personnels n’existaient pas encore en 1973). En y regardant de plus près, en fait, les documents présentés par CBS semblaient plutôt avoir été produits grâce au logiciel de traitement de texte Word, de Microsoft, avec la police de caractères par défaut (Times New Roman), pour être ensuite imprimés puis photocopiés plusieurs fois afin de leur donner un aspect vieilli. Supercherie ! Après quelques semaines de controverse, CBS s’est excusé et a mis à la porte la réalisatrice du reportage. Dan Rather, de son côté, a pris sa retraite un an plus tôt que prévu. Ce triste épisode pour le
journalisme traditionnel a été l’une des premières et l’une des plus spectaculaires manifestations d’un nouveau pouvoir : celui du journalisme citoyen.

À ce moment-là, je l’admets, j’ai cru ma profession en danger d’extinction, menacée d’être anéantie par des hordes d’amateurs. Le premier média citoyen, OhmyNews, avait vu le jour en Corée du Sud quelques années plus tôt et faisait sensation. Au Québec, on voyait naître des initiatives citoyennes semblables : le Centre des médias alternatifs du Québec ou encore Cent Papiers. Au bout du compte, il ne reste rien, en 2015, de ces expériences québécoises, sinon des archives. Et OhmyNews ne subsiste que dans sa version coréenne, des moutures en anglais et en japonais ayant fermé quelques années après leur lancement respectif. En dépit de ces échecs, cependant, le citoyen n’est pas retourné s’écraser sur son canapé pour autant. Son pouvoir s’exerce différemment, entre autres par le truchement des médias socionumériques.

ISBN
Date de parution
Nombre de pages 288 p.
Dimensions 15,2 cm x 22,9 cm

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